Les mois de janvier et de février ont été pauvres en nouveauté québécoise. Mais voici qu’avec l’arrivée du printemps, les maisons d’édition bourgeonnent à nouveau et nous offrent plusieurs nouveautés. La Pastèque n’est pas en reste avec l’album Jimmy et le Bigfoot.
C’est l’histoire de Jimmy, adolescent timide qui voit sa vie prendre un autre cap lorsque son meilleur ami diffuse une vidéo le montrant en train de danser sur YouTube. Du fait, il devient la risée de l’école. Son oncle ne fait que mettre de l’huile sur le feu lorsqu’il diffuse à son tour une vidéo de mauvaise qualité qui montre un bigfoot. Nous suivons Jimmy à travers ses tentatives pour apprivoiser ce concept abstrait qu’est l’amour à l’adolescence tout en apprenant à vivre avec sa soudaine popularité. En trame de fond, nous prenons connaissances de ses relations avec sa famille et ses amis.
Nous reconnaissons les illustrations de Pascal Girard qui sont d’un trait simple, propre, mais tremblotant. Cette simplicité sert bien le réalisme de l’histoire. Les expressions des visages, qui sont toujours très importantes pour faire passer l’émotion dans une bande dessinée, sont très bien réussies. Les personnages sont beaux. Les arrière-plans sont toujours présents et viennent situer l’action. Les couleurs sont faites en collaboration avec Iris. Je trouve qu’elles font un lien avec les autres albums publiés au Québec dernièrement. Les palettes, aux teintes sobres, utilisées sont uniques et elles créent une ambiance enveloppante, sans superflu.
Il est intéressant de noter que certaines bulles sont masquées par d’autres. Je n’ai pas interrogé personnellement l’auteur à ce sujet, mais je m’avance en disant que ce genre de métaphore de l’illustration nous fait penser à de vraies conversations lorsque quelqu’un se fait couper la parole par un autre et que nous perdons une partie de ce qui se dit.
Les personnages ont une personnalité bien développée qui leur est propre. La psychologie des personnages est bien construite et les interactions sont crédibles. Autrement dit, c’est une bande dessinée réaliste.
Bien que cet album pourrait viser un public plus adolescent, moi, en tant que jeune adulte dans la trentaine, je me suis reconnu dans cette histoire. Le temps d’une lecture, je me suis replongé dans ma propre expérimentation de l’amour à l’aube de l’âge adulte; période qui me semble bien lointaine.
Un petit truc m’a chatouillé. Ce n’est rien de catastrophique, mais je tiens à le mentionner tout de même. Et en même temps, c’est difficile de reprocher à l’auteur de s’inspirer de son époque. Tout le monde le fait; c’est l’essence même de l’artiste. Il exprime ce que sont époque lui inspire. Voici. Je n’ai pas aimé que l’album fasse référence à Star Wars Boy. Cette histoire a fait le tour de la planète et est souvent remise en premier plan par plusieurs chroniqueurs pour illustrer les inconvénients des sites comme You Tube. Je trouve que c’est un peu réchauffé.
Cette bande dessinée à une forme très conventionnelle. Nous y retrouvons douze cases du même format dans chaque page. Ce procédé pourrait déranger le rythme de la lecture, mais ce n’est pas le cas. Honnêtement, je ne m’en suis pas aperçu avant de regarder de nouveau l’album pour écrire ce billet. Cette « monotonie » dans la forme sert très bien le propos. C’est avec ce genre de procédé difficile à bien maitriser que l’on reconnaît un grand artiste d’un plus petit. En effet, le fil de l’histoire n’est en rien altéré.
J’ai adoré cet album qui m’a fait passer un bon moment de plaisir. Allez l’acheter en courant, car le prolifique Pascal nous présentera déjà l’album Jeunauteur 2 au début du mois de mars et travaille actuellement à un autre projet qui parlera de son conventum du secondaire. Nous avons donc plusieurs heures de plaisir qui nous attend encore cette année avec Girard.
L’album Jimmy et le Bigfoot par Pascal Girard aux éditions La Pastèque est disponible dans toutes les bonnes librairies et votre magasin de bandes dessinées.
En terminant, j’ai trouvé cette petite biographie de l’auteur trop bien pour la passer sous silence.
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