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La bande dessinée Trois Ombres, de l’ombre à la lumière.

mardi, février 23rd, 2010

Depuis quelque temps, tout le monde parle de ce roman illustré de Cyril Pedrosa. Certains crient même au génie. Je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de cette oeuvre et, par la même occasion, de vous donner mon opinion sur celle-ci.

Cet album raconte l’histoire d’une petite famille paysanne qui vit isolée des autres villageois, et qui voit sa quiétude bouleversée par l’arrivée dans les environs de trois mystérieux cavaliers fantomatiques insaisissables; les trois ombres. Refusant de laisser ces ombres apporter leur fils unique, le père fuit par la mer. Il croyait bien pouvoir les semer, mais la réalité le rattrapera rapidement.

Cyril Pedrosa maitrise les méthodes qui permettent de passer les émotions dans ses illustrations. Dès le début du récit, nous ressentons intensément que le bonheur de la famille, qui semble inébranlable, est mis en péril. Les événements font monter la tension chez le lecteur. C’est à certains moments un véritable suspense. Nous ne savons pas s’il faut vraiment craindre ces ombres et nous avons hâte de connaitre leurs intentions. Mais au bout d’un moment, nous comprenons que ces spectres sont en fait les exécutants de la mort et qu’elles sont là pour prendre leur fils.

Ce roman me semble être une allégorie du processus de deuil face à la perte d’un proche. J’ai cherché rapidement dans l’internet et j’ai trouvé ces sept étapes : le choc, le déni, la colère, la tristesse, la résignation, l’acceptation, la reconstruction. Nous les retrouvons tous à différents degrés dans le récit. Comment ne pas être touché par un livre qui parle de la mort d’un enfant? Je ne peux pas m’identifier vraiment personnellement à cette histoire, mais j’ai quand même été attendri. L’auteur sait comment provoquer des émotions chez le lecteur.

Le rythme est bon, l’histoire nous prend et il est impossible de déposer cet ouvrage avant d’avoir lu la dernière page. J’ai par contre trouvé qu’il y avait une petite longueur lorsque l’action se déroule sur le bateau, mais ce n’est rien pour nuire à la lecture. Dans les deux premiers tiers du roman, si nous faisons abstraction des ombres, le récit est ancrée dans le réalisme. Mais dans la troisième partie l’histoire tombe dans le fantastique avec la rencontre d’un sorcier qui lui proposera un marché. Le père se transforme en géant pour refaire le trajet inverse. C’est savoureux, plein d’imagination.

Les illustrations sont d’un genre alternatif, tout en rondeur, un peu brouillonnes. Les personnages sont caricaturaux, teintés de réalisme. J’ai l’impression de lire le premier jet crayonné de l’artiste. C’est très beau dans son imperfection. Il faut souligner l’immense travail que représente la réalisation en solo d’un tel pavé. Deux cent soixante-huit pages scénarisées et dessinées par un seul homme c’est tout un exploit en soi.

Cette longueur a pour avantage de lui donner toute la latitude pour développer des histoires parallèles avec des personnages secondaires plus travaillés et plus complets que dans un récit plus court.

Sans crier au génie à mon tour, il faut que j’admette que ce roman illustré est très bien réalisé. Je m’imagine facilement, par une glaciale soirée d’hiver de tempête, m’assoir dans mon fauteuil le plus confortable, m’enrouler dans une doudou chaude et moelleuse, et devant un bon feu d’éthanol relire cette oeuvre tout en écoutant le vent heurter les fenêtres, essayant de lire par-dessus mon épaule cette histoire qui est, après tout, un peu mélancolique, et malgré tout réconfortante.

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Party de financement du journal des 48 heures de la BD de Montréal

dimanche, février 21st, 2010

Le milieu de la bande dessinée n’est peut-être pas très grand au Québec, mais il est actif. Les 48 heures de la Bd de Montréal organise un party pour boucler son budget 2009. Il y aura des Djs, de l’art et de l’alcool. Tout sera présent pour se faire un plaisir fou. Soyez présent en grand nombre.

Qui sont-ils?

L’organisme sans but lucratif ARTfaBULLE est né à Montréal, dans l’élan suscité par l’émission de radio Dans ta bulle !, diffusée sur CHOQ.FM depuis le printemps 2007, et animée par Julie Delporte et Christophe Magnette.

L’auteure Zviane (Sylvie-Anne Ménard) a rapidement rejoint les rangs et l’association ARTfaBULLE s’est officiellement créée en décembre 2007. Se sont rajoutés depuis Vincent GiardDelphine Bergeron et Lise Rebout.

Le mandat général d’ARTfaBULLE est de promouvoir la nouvelle bande dessinée et de favoriser les échanges entre les auteurs québécois, les auteurs du reste du Canada et les auteurs étrangers.

C’est quand?

C’est le 13 mars dès 20 h au 5555 rue de Gaspé, local 117 à Montréal. L’entrée est gratuite et vous recevez un journal des 48 heures de la BD de Montréal en plus. Tous les profits de la vente d’alcool serviront au financement des 48 heures de la BD de Montréal.

Confirmer votre présence sur leur page événement dans Facebook.

Visitez leur site pour en connaître d’avantage sur eux.


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Mise à jour de L’ostie d’chat!

mardi, février 16th, 2010

J’adore ce blogue. C’est pourquoi je vous relaie l’information à chaque mise à jour de leur travail.

Pour la dernière mise à jour du blogue L’ostie d’chat

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BD Happy Sex – Réservé aux adultes!!

mardi, février 16th, 2010

En ce surlendemain de la Saint-Valentin, voulant profiter de la thématique, je vous présente la dernière œuvre un peu osée du créateur de Titeuf; Happy Sex. Sans tomber dans la pornographie vulgaire, cet album est consacré à des situations cocasses inspirées des rapports sexuels, et ce, sans aucune censure.

Tous les auteurs de gags ont eu un jour ou l’autre des idées pour dessiner des planches avec un propos un peu salé. Je crois deviner que la plupart du temps, ces dernières sont mises de côté, car ils ne cadrent pas dans le contexte d’un ouvrage destiné à un public souvent adolescent. Mais parfois, certains se commettent et produisent un livre entier sur le sujet. Zep se paye ici tout un album de gags sur les relations sexuelles sous toutes ses formes. Il évoque le sadomasochisme, les plaisirs solitaires, les mauvais baiseurs et j’en passe.

Le concept de la couverture est original. Les éditeurs l’ont« diecute. » Le trou laisse entrevoir la page de garde qui est entièrement recouverte de scène de sexe. Je leur donne un 100 % pour l’idée, sauf qu’il faut être délicat dans nos manipulations. C’est plutôt fragile et facile à briser.

Je ne suis pas habitué de lire des bandes dessinées dont les gags sont uniquement reliés au sexe et présenté sans aucune censure. Il reste en moi un petit fond puritanisme. Tout le monde regarde ce genre d’albums, mais personne ne l’avoue. J’exagère un peu sur ma pudeur, mais il est vrai que je ne lis pas ce type de Bd très souvent. Ici, le propos est traité avec goût et humour. Rien n’est déplacé et même ma grand-mère aurait rigolé en feuilletant certaines pages. Les punchs sont drôles et s’ils ne nous font pas éclater de rire, ils nous font sourire à coup sûr. Zep demande à ses personnages de faire ce que beaucoup d’entre nous hésite à faire lorsqu’une de ces situations survient. C’est presque thérapeutique.

Ce sujet est si peu couvert en humour qu’il est relativement facile d’être original et de créer des gags efficaces tout à la fois. C’est comme travaillé avec une abondante matière vierge. Il suffit de la prendre et d’en faire ce qu’on en veut. Zep a su en tirer pleinement parti.

Pour ce qui est de l’illustration, le dessin est très bien maitrisé et nous reconnaissons dès le premier coup de crayon les lignes de Zep. D’ailleurs, il y a parfois mis en scène des personnages ressemblant étrangement à Titeuf. Il ne dessine pas les cases de façon traditionnelle, mais il définit plutôt des espaces par les arrières plans qui s’estompent vers le blanc. Ce procédé couramment utilisé par différents auteurs donne un effet visuel intéressant sans empêcher une lecture fluide et agréable. Les couleurs sont très présentes sans être tape-à-l’oeil. Sans doute qu’avec la grande quantité de vide dans une page, l’équilibre se crée et adoucit l’image.

À l’occasion, nous nous identifions à certains personnages ou encore nous avons entendu des histoires de gens qui ont vécu ce genre de situation dans leur vie sexuelle. C’est très drôle. J’ai adoré lire cet album axé sur l’humour beaucoup plus que sur le sexe. Mais je classerai tout de même cette Bd dans le rayon du haut de ma bibliothèque, à côté de Ralf Konig.

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Le regard des autres, une BD imparfaite…

jeudi, février 11th, 2010

Un photographe né aveugle découvre qu’il a retrouvé la vue à la suite du vol des yeux d’un Brésilien. Il se met à la recherche de cette victime pour lui offrir son aide et même de lui rendre ses yeux s’il le faut. Après plusieurs tentatives infructueuses, il se remet en question son geste altruiste. Mais la volonté de réparer le geste de ses parents est plus forte que tout et poursuit ses recherches. Il trouve finalement Anor. Pour connaître la suite, vous devrez vous procurer l’album.

De petites choses nous agacent en début de lecture. Il manque un peu de fluidité dans les dialogues et dans l’histoire en général. Le langage utilisé est très Québécois et pourrait rebuter certains bédéphiles français. Les illustrations ne sont pas toujours de qualité égale. Malgré tout, nous sentons le désir de bien faire les choses et la recherche d’originalité dans le style.

Le procédé stylistique de cet album est intéressant. Martin a dessiné ce que le personnage voit. Donc, c’est grâce aux yeux volés d’Anor que nous découvrons cette histoire. Cette technique plutôt originale est par contre une lame à double tranchant. Il est dangereux de donner au récit une dynamique peu fluide par la limitation des points de vue et des perspectives. Mais ici, à cause du propos, cette technique a du sens.

Pour illustrer un blackout, il n’y a rien de mieux que deux pages côte à côte pratiquement toutes noires. J’adore l’audace de sacrifier autant d’espace pour bien faire sentir l’émotion. Mais lorsqu’on reprend ce procédé sur près de huit pages, c’est un manque d’originalité. Plusieurs autres procédés auraient pu être utilisés. Je comprends que l’auteur ne voulait pas sortir du concept que l’on voit par les yeux de son personnage, mais séquestrer un homme dans le noir n’était peut-être pas la meilleure chose à faire pour faire valoir ses talents de dessinateurs.

En résumé, Martin Balcer n’a pas tout faux. On sent le désir de bien faire les choses. Pour une première bande dessinée, c’est très bien. J’ai eu du plaisir à découvrir cet artiste prometteur. Son talent est encore brut. J’ai hâte de lire ses prochaines publications. Notons l’audace d’autopublier son album. Il n’est pas donné à tous de se rendre au bout d’un tel projet. Je suivrai sa carrière de près.

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Le blog d’Hugo, de l’humour sans censure.

mercredi, février 10th, 2010

Plusieurs d’entre vous ont dépassé l’âge de la majorité depuis un bon moment déjà. Oui, les cheveux blancs apparaissent et les rides s’affirment, mais ce ne sont là que des signes extérieurs de la sagesse qui grandit en nous. Trêve de plaisanterie, Hugo est un tout jeune dessinateur-bédéiste prometteur. Son humour est spontané et sans censure. Il parle d’événements qui se passent dans son quotidien, ne se gênant pas pour glisser dans ses illustrations un peu de sang à l’occasion. C’est rafraîchissant à lire et nous ne nous ennuyons pas un instant. J’ai déjà hâte de découvrir une histoire complète de sa part. Je crois bien qu’un éditeur devrait s’intéresser à ce jeune homme très bientôt. Un talent brut comme le sien se doit d’être immortalisé sur les pages d’un album. Il me fait d’ailleurs penser un peu au style de Zviane dans la façon de représenter ses personnages. Il lui arrive aussi de commettre des illustrations moins bande dessinée et de laisser parler l’artiste en lui. Je vous laisse lire quelques extraits pour vous faire une idée par vous-même. Le blog d’Hugo.

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Le signe de la Lune, un album incontournable.

mardi, février 9th, 2010

Chaque année, la ville d’Angoulême reçoit le plus gros festival de bande dessinée d’Europe. Et pour la seconde fois, une application iPhone nous est offerte gratuitement afin de nous présenter la plupart des albums sélectionnés par le jury. Nous pouvons consulter leurs couvertures et les premières pages. Ainsi, nous avons la chance de nous forger une opinion rapide sur ce qu’offre l’auteur et de savoir si l’album correspond à nos goûts.

Je fouillais donc parmi les finalistes, cherchant les plus intéressants à mes yeux pour éventuellement vous les présenter. Je suis tombé sur Le signe de la Lune. Je fus immédiatement séduit par la qualité des illustrations même si celles-ci sont en noir et blanc. Ce ne sont pas mes bandes dessinées préférées habituellement, mais je reste l’esprit ouvert.

L’histoire

Le signe de la Lune est une adaptation moderne du petit chaperon rouge. Régulièrement, des auteurs de tous les genres littéraires utilisent le contes traditionnels comme base à leur récit. Mon tout premier billet portait justement sur le dernier chef-d’oeuvre de Winshluss inspiré de Pinocchio. Ce procédé donne souvent l’occasion de présenter une version plus acidifiée de l’histoire. Le propos devient plus corrosif et les illustrations plus sombres. Ce résultat est sans doute un peu dû à une relecture plus adulte du conte et, reflétant l’état d’esprit de l’époque dans laquelle nous vivons, celle-ci est plus noire et plus violente.

Bonet et Munuera nous raconte l’histoire d’Artémis. Elle se déroule en deux temps. Dans la première partie, nous découvrons les personnages alors qu’ils ne sont encore que des enfants. Les tentions sont déjà présentes entre la bande à Rufo et celle à Artémis. On ressent la bouillonnement violent de Rufo et son besoin de dominer les autres. Une tragédie survient suite à un jeux où les enfants étaient invités à récolter des limaces dans la forêt en échange d’indices leur permettant de découvrir un pendentif en forme de lune. Suite à cet événement, Artémis se réplis sur elle même; se sentant coupable.

Dans la deuxième partie, on redécouvre les mêmes personnages à l’âge adulte. Rufo est devenu un méchant Seigneur qui fait régner sa vision d’une société le servant et ne gagne le respect des villageois qu’en usant de violence et la peur qu’il génère chez eux. Artémis reste terrée chez elle depuis la tragédie. Mais un événement la fera sortir de sa cachette. Elle affrontera enfin ses peurs et finira par accepter les événements du passé. Brindille attendait ce moment depuis longtemps.

Cette bande dessinée n’est pas toute nouvelle. C’est la plus récente mouture d’une ancienne publication qui fut tirée à cent exemplaires à peine. Elle n’a le goût de réchauffé que pour quelques personnes. Les auteurs ont ajouté plusieurs scènes et ils ont refait le travail d’illustration au complet. Cette version enrichie de l’histoire nous présente une bande dessinée beaucoup plus mature et plus finement dessinée. Voici en exemple deux planches qui montrent la première et la deuxième version côte à côte.

Ce que j’en pense

Le signe de la Lune est une autre bande dessinée incontournable. L’histoire est bonne et la qualité des illustrations fait en sorte que nous nous attachons aux personnages. Les visages sont expressifs et parlants. Les cases sont toutes très bien découpées de façon à ce que la lecture soit dynamique. L’action nous est présentée sous différents angles et ce procédé nous fait parfois penser à un story-board de film. Nous sentons que les formidables illustrations sont inspirées de l’univers que Disney a créé, mais tout de même avec un coup de crayon plus contemporain et propre aux auteurs. Les ombrages sont finement travaillés et combinés aux détails des dessins, donnent une dimension réaliste et léchée.

Un petit détail m’agace. À quelques occasions, Artémis porte une cape à capuchon rouge semblable à celle du Petit Chaperon. Je ne sais pas si c’est une demande des auteurs ou simplement une fausse bonne idée que les éditeurs ont eue, mais je ne trouve pas que le procédé est très efficace ici. Ça ne fait que soulever une interrogation sur les raisons de la soudaine mise en couleur de la jeune fille. Tant qu’à ajouter quelques taches de rouge, j’aurais engagé un artiste pour colorer tout l’album. Il aurait été encore plus sublime.

Ce fable moderne ne nous épargne pas les scènes de violence. Elles sont nombreuses, mais servent bien le propos. Le conte du petit chaperon rouge est en effet très violente elle-même; il était impossible pour les auteurs de pondre un récit crédible sans faire de la violence un personnage en soi. Les relations entre les villageois sont basées sur la peur et l’intimidation ce qui teinte l’histoire d’un voile de souffrance. Nous prenons Brindille en pitié lorsqu’il se fait battre et nous partageons la douleur d’Artémis au moment où elle vit son deuil.

J’ai bien aimer regarder et lire cet album et je le relirai très bientôt. Il est trop riche pour en décoder tous les détails du premier coup. Il n’a malheureusement pas gagné de prix à Angoulême. Cela ne diminue en rien la grande qualité de cette ouvrage. C’est une traduction d’Anne-Marie Ruiz est il est publié dans la collection Long Courrier chez Dargaud.

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iPhone en BD! Trois suggestions d’application.

jeudi, février 4th, 2010

Certains le savent déjà, je possède, comme cinquante-huit millions de personnes sur la planète, un iPhone. J’y ai trouvé pour vous quelques applications qui pourraient intéresser les bédéphiles.

Ma première suggestion est un tantinet en retard, mais je vous la fais tout de même, car elle est riche en contenu. Il s’agit de l’application Angoulême 2010. Elle présente les cinquante-huit finalistes de cette année. Vous pouvez télécharger dans votre appareil les premières pages de tous ces albums. Très intéressant pour faire une présélection de vos achats. Vous pouviez également voter pour l’album que vous préfériez, mais le prix a déjà été remis. Je serai plus ponctuel l’an prochain pour vous communiquer l’information.

Ma deuxième suggestion est une bande dessinée offerte gratuitement par BDTouch. Ce n’est évidemment pas par pur altruisme qu’ils le font, mais pour stimuler la vente des tomes suivants. C’est un procédé commercial très honnête. C’est Aldebaran, tome un du premier cycle de la série comprenant jusqu’à maintenant onze albums. C’est l’histoire d’humains fondant une colonie sur une autre planète ressemblante à la Terre. Il s’y passe d’étranges choses dans ce monde qu’ils croyaient connaître. J’ai commencé à la lire et je la trouve plutôt intéressante. Je vous en ferai peut-être une critique prochainement même si la première édition date de 1990.

La dernière suggestion de cette chronique est l’application Canal BD. Elle nous offre une boutique en ligne, une rubrique actualités, les meilleurs vendeurs de la semaine, les nouveautés en librairie et en format numérique et un reader électronique pour leurs bandes dessinées qui est simple et efficace. C’est intéressant d’y fouiller et de la consulter régulièrement.

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Magasin Général T5, Un chef-d’oeuvre qui se poursuit

mardi, février 2nd, 2010

Je peux comprendre que les irrésistibles Québécois avec leur vaste territoire francophone en Amérique fassent rêver et inspire deux artistes français de talents comme Loisel et Tripp. Ces deux Québécois d’adoption ont touché juste en créant cette série. J’en suis un adepte inconditionnel depuis le premier tome. Comment ne pas apprécier ces dessins à quatre mains où les nombreux détails sont pertinents, travaillés et où les émotions des personnages transpercent le papier et viennent nous chercher directement au coeur.

Dans ce cinquième tome, nous retrouvons la jolie veuve Marie, propriétaire du magasin général entourée de tous les savoureux personnages de la série. L’album débute au moment où les villageois découvrent qu’elle a eu une rapide partie de jambes en l’air avec le p’tit Allaire. Leur réaction est violente. Ce comportement va totalement à l’encontre de la morale de l’époque. Ils le lui font sentir. Malgré ces nombreux reproches, les villageois restent solidaires envers elle lors de la mort de sa grand-mère; preuve de l’importance que prenaient les coutumes religieuses dans leur vie. Mais ils refusent tout de même de lui parler et encore plus de lui pardonner. Nous accrochons sur une case particulièrement triste où, à la suite des funérailles, tous les villageois retournent à leur besogne, laissant Marie seule au milieu de la route portant sur ses épaules son double chagrin.

L’histoire de Marie est dramatique. Mais comme plusieurs autres femmes fortes de son époque, elle encaisse les coups, se relève les manches et poursuit son chemin. Le village s’entêtant à la faire sentir comme un paria, elle décide de prendre le large. Cette fois-ci, cette route la portera jusqu’à Montréal.

À la suite de son départ et, par le fait même, la perte de l’unique camion de la région, les villageois ont à nouveau des remontrances envers son comportement. La grogne monte et le mécontentement se fait sentir. Heureusement, Gaëtan, le simple du village, leur lance au visage la vérité. C’est eux qui ont fait fuir la pauvre femme par leur intransigeance face à la situation. On nous laisse au moment où le village est en pénurie de tous les biens essentiels et que les hommes s’apprêtent à agir avec la complicité de Serge. Mais le téléphone sonne…

Cette bande dessinée historique est d’une cruelle réalité. Nous y découvrons les préceptes moraux de l’époque et la dynamique sociale des petits villages coloniaux des années vingt. On prend conscience de l’importance d’un simple camion à une période où les moyens de communication étaient peu nombreux et de la nécessité d’avoir un magasin général pour subvenir aux nombreux besoins des villageois.

Chaque page est savoureuse. Il faut lire une première fois pour connaître l’histoire, puis une seconde fois seulement pour admirer le travaille d’illustration. Ces deux dessinateurs et ce coloriste ont réalisé, à mon avis, une des oeuvres majeures de la bande dessinée contemporaine. Une telle maitrise du 9e art n’a pas d’égal. Ces albums sont tout simplement vivants. Cette série frôle la perfection. Le style des illustrations ne peut pas être plus en symbiose avec le propos. Les personnages sont attachants et représentent bien une tranche de la société rurale des années vingt au Québec. Les auteurs prennent le temps de les installer dans l’action ce qui donne un rythme de lecture lent et très agréable.

J’ai remarqué qu’ils ont utilisé un procédé très intéressant que l’on pourrait comparer à des voix hors champ au cinéma. Ils poursuivent un dialogue amorcé dans une case dans la suivante qui, elle, nous présente une tout autre action, impliquant d’autres personnages. Ainsi, ils ne surchargent pas la case où il est nécessaire d’avoir un dialogue plus élaboré et garde le propos clair. Nous ne retrouvons pas de longues séries de cases semblables où nous pouvons suivre une conversation entre deux personnages. Chaque case est unique et nous présente un plan différent de l’action.

Le non-dit nous parle beaucoup dans cet album et donne un deuxième niveau de lecture. Les bulles transmettent le dialogue et les yeux les émotions. Nous reconnaissons souvent le talent d’un artiste en bande dessinée lorsqu’il peut nous partager ce que le personnage ressent seulement par l’expression de ses yeux. Nous retrouvons une grande profondeur et une grande maturité dans cette histoire. La lecture se fait beaucoup par les émotions.

Initialement, cette série devait se dérouler sur trois tomes, mais le nombre est rapidement passé à six. Il est difficile de croire qu’ils s’en arrêteront là. Le sujet est tellement vaste. Ils pourraient raconter l’histoire de Marie jusqu’à sa mort sans que nous nous en lassions.

Pour ceux qui viennent d’arriver sur la Terre, courez à votre librairie BD la plus proche et achetez ces cinq tomes immédiatement. Vous en retirerez des heures de plaisir à lire, relire et rerelire ces albums.

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L’arrivée du iPad de Apple chamboulera le monde de la BD!!

mercredi, janvier 27th, 2010

Lorsque Apple s’intéresse à un marché, c’est qu’il y a de l’argent à faire. Du fait, le reste de l’industrie suit. Les nouveaux gadgets tendance pour 2010 sont les tablettes électroniques; ordinateur portable sans clavier possédant un écran tactile. Hybride entre le smartphone, un ordinateur portable et un livre électronique, c’est le premier vrai appareil électronique portable qui permettra de lire de la bande dessinée sur un grand écran en couleur. Ajoutez à cela un des magasins (iTunes Store) en ligne le plus efficace et lucratif de la planète pour obtenir un potentiel de popularisation d’un nouveau mode de lecture presque infini.

Fort de son expérience avec le iPhone qui est en soi une petite tablette électronique, la nouvelle tablette de Apple, le iPad, est encore plus révolutionnaire. Possédant un écran de plus de dix pouces en haute définition, elle permettra d’accéder à internet via les réseaux de téléphonie 3G. C’est le produit technologique que tout le monde attendait. Presque tout ce qui était reproché au livre électronique et aux smartphones aura été corrigé. C’est le premier vrai livre électronique sur lequel vous pourrez lire journaux, magazines, livres et BD et le tout en couleur. Et c’est aussi un ordinateur soit dit en passant.

Les vrais collectionneurs de BD ne sont sans doute pas prêts à convertir leur bibliothèque en format numérique. Mais les nouvelles générations ne veulent rien savoir de l’encombrement et ont un attachement plutôt temporaire et très changeant face aux objets. Et ce qu’ils exigent de ceux-ci, c’est de pouvoir les avoir constamment à portée de la main, ce que n’offre évidemment pas une bibliothèque, mais beaucoup mieux une tablette électronique. La transition sera longue entre aujourd’hui et le moment où les albums papiers ne seront plus que des produits dérivés; un peu comme ce que l’industrie du disque fait lorsqu’elle réédite en version vinyle certains grands classiques. Mais ce changement aura bel et bien lieu qu’on le veuille ou pas. Les plus conservateurs nous diront que le livre ne disparaîtra jamais. Je suis tout à fait en accord avec eux. Il ne disparaîtra jamais. Mais le livre se transposera vers les supports numériques.

Un des défis majeurs auquel font face les éditeurs avec l’arrivée de ce changement technologique est de développer un modèle d’affaires qui tiendra compte des nouveaux paradigmes du marché. Ils devront permettre à tout le monde d’avoir les moyens de se payer des albums pour ainsi rendre le piratage beaucoup moins intéressant. Pour ceux qui l’ignoraient, il existe déjà. Des bandes dessinées numérisées frauduleusement circulent sur les réseaux de partage de fichier. La solution la plus plausible à mes yeux pour diminuer radicalement les coûts de production est de modifier la chaîne traditionnelle du livre et éliminer certains intervenants. Ainsi, il ne pourra rester que l’éditeur, le détaillant et l’auteur pour se distribuer les revenus. Nous éliminerons de la chaîne, les imprimeurs et les distributeurs; autrement dit toutes les infrastructures qui servent à la fabrication et à la manipulation des livres physiques. Les librairies se déplaceront vers le web et finiront pratiquement par disparaître. Seules les boutiques du collectionneur demeureront pour offrir les rares éditions papier.

Le grand avantage que je constate avec cette transition vers le format numérique, est qu’il permettra, comme il l’a fait pour la musique, aux bédéistes indépendants de produire des albums de qualités à des coûts pratiquement nuls et de pouvoir compétitionner avec les grands de l’édition. Attendez-vous à une avalanche de nouveaux créateurs dans les prochaines années. Déjà, nous en découvrons chaque semaine sur le web en format blogue et la révolution numérique n’est qu’à ses tout débuts. J’adore.

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